Revue suisse des musées · Nouvelles parutions

Revue suisse des musées 24

Les États-Unis ont dominé l'actualité médiatique de ces derniers mois. Dans ce numéro, ce n'est toutefois pas l'élection présidentielle qui nous occupe, mais un musée en plein air. Mount Vernon, ancienne résidence de campagne de George Washington, dans l'État de Virginie, montre les facettes ambivalentes de sa présidence. La Galerie photographique offre pour sa part un aperçu du Musée du fer et du chemin de fer de Vallorbe. Des représentant-e-s de traditions vivantes y transmettent des connaissances presque oubliées du métier de forgeron. Un autre article met en lumière la protection des biens culturels en Suisse, à l'occasion du 70e anniversaire de la Convention de La Haye. Ce numéro d'automne revient également sur le Congrès annuel, qui s'est tenu en août à Berne sur le thème «Durabilité sous haute tension».

Revue suisse des musées 24

À propos

La Revue suisse des musées est le magazine de membres de l'AMS et d'ICOM Suisse. Elle informe sur les activités des associations et la politique culturelle actuelle, présente une sélection d'ouvrages spécialisés et jette un coup d'œil dans les coulisses des musées en Suisse à travers des séries de photos. La revue paraît deux fois par an dans une édition multilingue. La traduction des principaux articles est disponible sur museums.ch.

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Traductions

Le courage d’expérimenter

«Durabilité sous haute tension»: tel était le thème du Congrès annuel des musées suisses qui s’est tenu les 22 et 23 août au Zentrum Paul Klee de Berne. Une problématique complexe, mais qui n’a pas nui à l’enthousiasme et à l’inspiration, notamment grâce à la diversité formelle des interventions, des études de cas passionnantes et des échanges pleins de nuances.

Les institutions scientifiques et culturelles ont une responsabilité à assumer vis-à-vis de la société, et elles doivent s’engager, dans la mesure de leurs possibilités, en faveur du développement durable - sur ce point, le consensus régnait. Mais que recouvre concrètement la notion de durabilité? Et quelle peut être la contribution effective des musées, des jardins botaniques, des zoos et des parcs naturels gérés de manière scientifique? 

La diversité des réponses n’a eu d’égale que celle des institutions ayant décidé de faire face à ces questions ambitieuses. Le Musée de la communication de Berne, par exemple, s’est servi du projet «Planetopia» comme d’une plateforme pour instaurer un dialogue sur l’écologie et les comportements individuels responsables. Bien entendu, toutes les expositions ne peuvent – ni ne doivent – aborder les questions de durabilité aussi frontalement. Il est tout aussi important que les musées réfléchissent à leur culture et à leurs structures spécifiques afin de rendre leur fonctionnement plus écologique. Leur statut d’institutions publiques leur permet d’avoir plus d’impact auprès du public et d’ouvrir le débat. C’est ce qui s’est passé au zoo de Bâle, où une troupe de lions a mangé un zèbre au vu de tous: que le zèbre soit la proie des prédateurs dans la savane, ou qu’il soit consommé mort dans un zoo, suscite des réactions opposées parmi le public. Cela montre à quel point les conceptions de la durabilité divergent entre expert-e-s et profanes, mais aussi entre les professionnel-le-s eux/elles-mêmes.

Selon l’expérience de nombreux/euses intervenant-e-s, des émotions comme l’empathie ou l’écoanxiété peuvent inciter à se préoccuper de la durabilité; mais, pour mettre en pratique ces bonnes intentions, une approche rationnelle s’impose. Pour autant, des stratégies fondées sur des faits ne suffisent pas non plus à éliminer tous les conflits d’objectifs, comme le prouve l’exemple du Stapferhaus de Lenzbourg. Logé dans un bâtiment de construction durable, à faible consommation énergétique, il ne possède pas de dépôt. Mais pour un établissement de ce type, à faible empreinte carbone, la part due à la fréquentation du public représente un pourcentage plus élevé: cette contradiction entre durabilité écologique et durabilité sociale ne peut être résolue, tout au plus atténuée en fixant des priorités avisées.

De nombreuses études de cas ont révélé des tensions entre les objectifs de durabilité globaux et locaux, sociaux et économiques, entre le court et le long terme. Les solutions envisagées sont multiples, les réflexions portent aussi bien sur la crise climatique mondiale que sur la surveillance climatique ponctuelle à l’intérieur du cadre d’un tableau. Si le Congrès, en dépit de nombreuses questions restées sans réponses, était si motivant, c’est aussi grâce à la richesse des formats utilisés. Il y a eu des rapports d’expérience, des calculs techniques, des débats éthiques et des conseils pratiques, mais aussi deux «speed talks», l'intervention d'un militant pour le climat, et la prestation d’un invité surprise, comédien de stand-up, qui a tissé toute une histoire à partir de concepts proposés par le public. Les participant-e-s ont conclu sur ce mot d’ordre: «avoir le courage d’expérimenter, ne pas craindre d’avancer pas à pas ».

Autrice: Judit Solt

Ambivalence de la numérisation dans les musées

Lors du Congrès annuel, des professionnel-le-s des musées ont présenté leurs projets de développement durable et expliqué les mesures prises pour réduire les coûts environnementaux. L’événement a permis de dégager de précieuses perspectives et conclusions.

Plus que cinq ans pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD)! Les musées aussi sont appelés à contribuer à leur réalisation. Ces objectifs comprenant des aspects écologiques, mais aussi économiques et sociaux, les projets présentés visent pour certains à renforcer la durabilité sociale et pour d’autres à réduire les coûts environnementaux. 

Les choses sont devenues très concrètes lors des deux séries de speed talks, quand les onze musées représentés ont souligné la nécessité d’avoir le courage d’avancer à petits pas. L’accent est mis aussi sur des décisions à prendre au quotidien: dois-je prendre l’ascenseur ou l’escalier? Faut-il réutiliser le papier plusieurs fois? Devons-nous proposer de l’eau courante plutôt que de l’eau minérale? Ce type de questions occupe désormais les conversations dans les musées et elles demandent du courage, celui d’oser faire de petits pas, sans que ceux-ci soient considérés comme insignifiants.

Après la présentation des musées, l’exposé de Nicôle Meehan, intitulé «The ecocritical digital Museum – Challenges and opportunities for digitisation», a retenu l’attention. Meehan s’est concentrée sur les conséquences écologiques de la numérisation en confrontant le public à des chiffres marquants. Après l’appel pressant lancé la veille par l’activiste climatique et artiste Dorian Sari, il est apparu encore une fois très clairement que l’enjeu est de taille. 

Moins de déplacements, mais des centres de données plus grands 

La volonté des musées de faire avancer la numérisation se manifeste à différents niveaux. Le projet Digital Benin, considéré comme un prototype de recherche basée sur les données dans les musées, auquel participent 131 musées et institutions de 20 pays, en est un exemple. La plateforme digitalbenin.org documente les trésors artistiques du royaume de Bénin qui ont été volés à la fin du 19e siècle et dispersés dans le monde entier. Elle associe les données concernant les «bronzes du Bénin» à des photographies historiques et à du matériel documentaire, ce qui permet non seulement à tous les Edos intéressés du Nigeria et de la diaspora mondiale, mais aussi aux scientifiques et au public intéressé de se faire une idée de cet héritage culturel et d’acquérir de nouvelles connaissances. À cet égard, il convient de mentionner les efforts déployés en France pour rendre accessibles les collections du patrimoine culturel africain par le biais d’un accès libre (open access), favorisant ainsi la décolonisation des musées. Au niveau régional, on observe aussi que les efforts visant à renforcer la participation culturelle s’appuient souvent sur les technologies numériques.

La numérisation présente certes des avantages pour l’environnement, dans la mesure où le travail numérique, la création d’accès numériques aux collections et aux contenus ainsi que la tenue de réunions en ligne évitant les déplacements permettent de réduire notablement la pollution. Mais elle s’accompagne d’une augmentation considérable de la quantité de données – toujours liée à des exigences de qualité maximale – et, par conséquent, d’une hausse des coûts environnementaux. Ce constat est le point de départ de Meehan, qui montre comment le travail muséal numérique engendre des coûts climatiques, environnementaux et humains. Sa démonstration ne débouche toutefois pas sur un appel à y renoncer, mais sur une demande de réflexion collective sur les conséquences écologiques de la numérisation et la recherche d’une efficacité accrue, dans une perspective de justice climatique. 

Meehan a tout d’abord souligné, chiffres impressionnants à l’appui, les conséquences de la numérisation sur l’environnement. Elle entraîne d’une part une forte consommation d’énergie: en 2022, les technologies numériques ont représenté entre 8 et 10% d e la consommation totale d’énergie dans le monde. Autre conséquence, les émissions de gaz à effet de serre: en 2022, les technologies numériques ont été responsables de 2 à 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, dont près de la moitié pour les seuls centres de calcul. La conservation des données dans ces centres a encore d’autres conséquences sur l’environnement: ils sont très gourmands en eau et consomment chaque jour entre 11 et 19 millions de litres à des fins de refroidissement. Une grande partie de l’empreinte carbone dans le domaine des technologies de l’information provient de la seule fabrication et de la commercialisation du matériel, par exemple lors de l’extraction des matériaux nécessaires à la fabrication des composants comme les disques durs, les claviers et les puces. Tous ces éléments doivent être transportés jusqu’au lieu de production. Autre problème: celui des déchets électroniques à la fin du cycle de vie. En 2022, plus de 62 millions de tonnes de «e-déchets» ont été produites dans le monde, soit une augmentation de 82 % en 12 ans. À cela s’ajoutent des conséquences sociales considérables, souvent négligées dans les débats sur la technologie, souligne Meehan. Elle demande que ces aspects soient pris en considération et reliés aux débats actuels sur la décolonisation et le postcolonialisme dans une perspective interdisciplinaire. L’exploitation des terres rares, par exemple, dégage des substances nocives et des métaux lourds qui affectent à la fois les hommes et l’environnement. La même problématique se pose pour la valorisation des déchets électroniques qui, recyclés incorrectement ou traités illégalement, peuvent être toxiques pour les personnes qui participent à ces opérations. Le fait qu’il s’agit souvent d’enfants devrait inciter à poursuivre les efforts, telle est la conviction de Meehan. 

Le problème de la conservation des données

Mais par où commencer? Meehan parle du projet de recherche «Encode Muse» qu’elle conduit à l’université britannique de St. Andrews sur les coûts environnementaux de la numérisation dans les musées. Dans le cadre de ce projet, elle a mené une enquête à laquelle 97 musées et autres institutions culturelles du monde entier ont participé, suivie d’un atelier en ligne et d’une réunion stratégique de personnes dotées de compétences clés qui travaillent actuellement sur l’impact sur l’environnement des technologies numériques utilisées dans les institutions culturelles. 

L’enquête a révélé que les institutions sont loin de toutes faire une priorité du respect de l’environnement. De gros efforts sont encore nécessaires pour comprendre l’impact environnemental des institutions et pour intensifier les discussions internes sur la durabilité environnementale des activités numériques. Le manque de données fiables à partir desquelles pourrait être élaborée une stratégie judicieuse de conservation des données représente un défi particulier. Les services d’achat manquent eux aussi de connaissances en matière de durabilité du matériel informatique, tout comme ceux chargés d’attribuer les marchés de services. En outre, de nombreuses institutions culturelles manquent de moyens financiers et de ressources, d’une part, pour les projets de durabilité et, d’autre part, pour le renouvellement des bases de données et du matériel informatique. L’évolution vers plus de durabilité nécessite de gros efforts de la part des organisations afin d’obtenir les changements de comportement nécessaires, par exemple en matière de reproduction et de conservation de matériel visuel. Enfin, il s’agit de répondre aux attentes du public quant à l’accessibilité numérique de la collection.

Il faut des check-lists, des directives et beaucoup de volonté 

Meehan a souligné la nécessité de recenser et d’analyser systématiquement les coûts environnementaux dans le processus de numérisation. Dans un projet de numérisation, la durabilité est un aspect à prendre en compte tout au long du processus: dès la décision initiale de numériser, au moment de l’achat du matériel et des bases de données, pendant la numérisation proprement dite, ainsi que lors des décisions concernant les données à conserver et celles à publier.

Meehan a annoncé le développement d’une boîte à outils cartographiques pour aider les musées à identifier les potentiels d’économies et à optimiser leurs projets numériques. Ce projet encouragera également le développement de nouvelles directives organisationnelles en matière de numérisation, visant à souligner la valeur des projets numériques pour différents groupes cibles et à renforcer les efforts de décolonisation des espaces numériques des musées.

Depuis la Suisse, l’initiative Happy Museums apporte une contribution importante à un avenir durable dans le secteur des musées et des expositions. Depuis l’automne 2023, un calculateur de CO2 gratuit est à la disposition des musées, et une check-list de mesures concrètes a été publiée. La numérisation dans le secteur des musées est toutefois un aspect important qui doit être discuté en profondeur et développé avec des mesures précises de réduction des coûts environnementaux. Ce qui est certain, c’est que la numérisation entraîne une immense consommation d’énergie. À l’avenir, dans le cadre de leurs projets de numérisation, les musées devront tous se pencher sur le conflit d’objectifs qui existe entre d’une part, la volonté d’accessibilité et de partage et, d’autre part, la réduction des coûts environnementaux. 

Autrice: Katrin Rieder 

Protection des biens culturels: une nécessité plus actuelle que jamais

La Convention de La Haye sur la protection des biens culturels en cas de conflit armé a été signée en 1954. Le contexte actuel, avec ses guerres et ses catastrophes naturelles dues au changement climatique, lui donne une acuité nouvelle.

Ces images impressionnantes datent de l’été 2023: suite à un éboulement phénoménal, des masses rocheuses de toute taille ont recouvert le flanc de la montagne jusqu’à la limite du village grison de Brienz. Les habitations ont été épargnées, contrairement à ce que craignaient les spécialistes, qui s’attendaient à des dégâts majeurs. C’est pourquoi on avait évacué non seulement la population, mais aussi le bien culturel le plus important du site, le retable à volets de l’église Saint-Calixte, vieux de cinq siècles.

Lorsque dans la nuit du 16 juin, 1,2 million de mètres cubes de roches ont dévalé la pente, l’autel était déjà en sécurité. Ce précieux objet avait été démonté en plus de cent pièces, annotées et emballées, puis expédiées en un lieu tenu secret, où l’autel a été restauré au cours des mois suivants. L’évacuation du retable a été coordonnée par le département de Conservation et de restauration de la Haute école des arts de Berne HKB sous la direction de Karolina Soppa, professeure, en étroite collaboration avec le service cantonal des monuments historiques et le service des affaires militaires et de la protection de la population des Grisons. Pour cette opération, les responsables ont reçu le Prix d’encouragement 2023 de la Société suisse pour la protection des biens culturels (SSPBC).

«Il faut qu'une église brûle pour que ce sujet intéresse la population»

L’histoire de la SSPBC est étroitement liée à celle de la Convention de La Haye sur la protection des biens culturels en cas de conflit armé de 1954. La Société a été fondée dix ans après, et depuis, elle encourage les efforts visant à garantir que le patrimoine culturel de la Suisse soit transmis intact aux générations futures. Elle le fait «en contribuant à assurer la protection du patrimoine culturel contre la destruction ou l’altération causées par: des conflits armés, les catastrophes civiles et écologiques, les situations d’urgence, la criminalité ou la négligence de la société», comme on peut le lire sur son site. Pourtant, cet engagement est rarement perçu, comme l’explique Flavio Häner, co-président de la SSPBC: «Quand une église brûle quelque part, le sujet fait brièvement les gros titres, puis le public s’en désintéresse et cela redevient une thématique de niche.» Or il serait important qu’on prenne conscience de ces enjeux, souligne Häner: «Les biens culturels fondent un sentiment d’appartenance et de continuité. Ce sont aussi de véritables réservoirs d’informations. Souvent, leur perte n’est pas immédiatement ressentie, mais elle a des effets sur les générations suivantes.» 

Récemment, cette perte et le rôle central que les biens culturels peuvent jouer dans une société ont été douloureusement rappelés par la situation en Ukraine. La guerre montre que les biens culturels sont systématiquement pris pour cibles. Les attaques visent directement l’identité culturelle de la population, analyse Flavio Häner. «Compte tenu des guerres hybrides qui sont menées aujourd’hui, dont l’objectif est de déstabiliser les sociétés, ce risque doit être pris au sérieux en Suisse aussi. Par leur exposition et leur accessibilité au public, les biens culturels sont souvent des cibles faciles, en particulier pour les sabotages ou les attaques.»

Pour faire face à ce risque dans notre pays, il est essentiel que différentes instances collaborent efficacement: l’Office fédéral de la culture (OFC), l’Office fédéral de la protection de la population (OFPP), la Commission fédérale de la protection des biens culturels, ainsi que les services cantonaux et les réseaux tels que la SSPBC. Cette nécessité est apparue très clairement lors de la conférence organisée le 2 juillet à Bruxelles par la SSPBC et d’autres associations pour les 70 ans de la Convention de La Haye. Son objectif était de formuler des recommandations à l’attention de l’Union européenne pour une protection transfrontalière des biens culturels en Europe. Cécile Vilas, présidente de la Commission fédérale de la protection des biens culturels et directrice de Memoriav, y a participé. Elle a trouvé intéressant de voir les différentes manières dont les pays participants organisent la protection des biens culturels depuis 1954. «Mais ce sont tout de même les objectifs communs qui ont dominé les discussions, et ont été évalués et traités avec beaucoup de pragmatisme. Des thèmes tels que le développement des compétences, l’entraînement, l’échange d’informations et la collaboration ont été jugés prioritaires, tout comme la sensibilisation, qu’il faut poursuivre.»

Vilas s’est également déclarée impressionnée par l’intervention d’Aleida Assmann sur le patrimoine culturel et la mémoire culturelle. L’historienne de la culture a fait remonter le concept de patrimoine culturel à l’époque de la Révolution française, l’a décrit dans ses dimensions actuelles (technique, culturelle et politique), et a montré l’urgence de lui donner des bases politiques à l’échelle de l’UE. 

La Suisse, pionnière

Pour ce qui est des bases politiques, la Suisse se montre pionnière par rapport aux autres pays. En 1962, elle a ratifié la Convention de La Haye, et dès 1966, elle a adopté une loi fédérale instaurant les conditions-cadres nécessaires à l’action. Après une révision totale en 2015, la loi fédérale sur la protection des biens culturels en cas de conflit armé, de catastrophe ou de situation d’urgence (LPBC) est entrée en vigueur, et inclut aussi les cas de catastrophes naturelles. Pour Cécile Vilas, c’est une victoire: «Le fait que la protection des biens culturels ait sa propre loi, en Suisse, est remarquable par rapport à ce qui se passe dans les autres pays. Avec les approches pragmatiques développées dans les cantons, le travail de la Commission fédérale de la protection des biens culturels, qui opère de plus en plus en réseau, et les inventaires de biens culturels régulièrement actualisés, la Suisse dispose d’un savoir-faire qui a fait ses preuves, et elle peut en faire profiter les autres pays.» 

Pour Flavio Häner, co-président de la SSPBC, ce rôle précurseur de la Suisse justifie ce qui sera l’une de ses missions les plus importantes au cours des prochaines années: le renforcement de la coopération transfrontière. «Cela concerne aussi bien les frontières des cantons que celles du pays. La Suisse devrait notamment s’impliquer plus dans les activités multilatérales et faire valoir son rôle de modèle pour la protection des biens culturels sur la scène internationale.» 

Les catastrophes naturelles de plus en plus fréquentes, et qui n’épargnent pas la Suisse, en montrent toute l'urgente nécessité. En effet, ces intempéries et ces événements climatiques extrêmes représentent un défi majeur, explique Flavio Häner. «L’étendue géographique et la durée de ces événements, surtout, recèlent des risques importants, car les personnes doivent d’abord se protéger elles-mêmes avant qu’on ne songe aux biens culturels. Lorsque la crue arrive par exemple, il n'y a plus le temps d'évacuer les biens culturels. Les objets restent alors dans la boue pendant des jours, voire des semaines. D’où l’importance de connaître les dangers et de mettre en œuvre des mesures de prévention.»

Cécile Vilas pointe un autre aspect, qu’il faudra prendre en compte à l’avenir: celui de la transition numérique, qui pose aussi de grands défis. «Les biens culturels aussi sont de plus en plus souvent numériques, et requièrent de nouvelles mesures et de nouveaux lieux de protection. Comme le montrent de nombreux conflits armés actuels, le patrimoine culturel matériel et numérique, qui est une composante centrale de la culture mémorielle et de l’identité nationale ou régionale, est de plus en plus souvent pris pour cible d’attaques, et devrait donc faire partie des infrastructures critiques.» Au printemps, Memoriav a consacré une journée professionnelle à la protection des biens culturels audiovisuels: les collections audiovisuelles et numériques devraient d’urgence être inscrites au prochain inventaire des biens culturels, sous une rubrique à part. 

Les concepts de protection, essentiels pour les musées

Pour les musées aussi, la protection des biens culturels figure tout en haut de la liste des priorités. Il faut définir des mesures et des plans de protection, réfléchir à des processus, mettre en place des consortiums d’urgence - autant de démarches qui imposent une collaboration étroite. «Les contacts entre musées, organisations d’intervention d’urgence, responsables cantonaux des biens culturels et protection civile doivent être entretenus de manière ciblée, et il faut organiser des exercices régulièrement», indique Cécile Vilas. Ancienne responsable de bibliothèque, la directrice de Memoriav a pris plusieurs initiatives et travaillé étroitement avec les sapeurs-pompiers, la protection civile et des biens culturels. «Nous avons élaboré des plans d’urgence, et surtout, les personnes impliquées se sont familiarisées avec l’institution et ses collections. En cas d’urgence, c’est fondamental.» 

Les intempéries de l’été dernier au Tessin et en Valais nous ont montré à quel point cela est essentiel. Contrairement au village de Brienz, qui avait pu se préparer à l’éboulement imminent, l’ampleur des destructions n’a pas pu être anticipée ici, malgré des alertes.

70ans a près la Convention de La Haye, la protection des biens culturels est une nécessité plus urgente que jamais. 

Autrice: Katharina Flieger

Mount Vernon: écomusée historique et attraction touristique

Mount Vernon, ancienne propriété de George Washington dans l’État de Virginie, est un haut lieu du culte voué au premier président des États-Unis. C’est ici qu’il vécut et qu’il travailla, mais surtout, c’est ici que travaillèrent des êtres humains réduits en esclavage. Cette face sombre de Washington a longtemps été passée sous silence. Depuis quelques années, sous l’impulsion de la communauté afro-américaine, elle est aussi évoquée devant les visiteuses et les visiteurs de l’écomusée historique.

Le soleil se lève sur Mount Vernon. Avec ses vieux chênes, ses parterres de fleurs et ses vergers, ce musée en plein air situé dans la propriété du premier président des États-Unis offre un spectacle époustouflant. Des groupes de visiteur/euse-s flânent sur les chemins de sable finement ratissés, des classes d’école irritent leurs enseignant-e-s. Chaque année, environ un million de personnes visitent ce sanctuaire national situé à 20 kilomètres au sud-ouest de Washington D.C., dans l’État de Virginie. Sur une superficie de 200 hectares, environ l’équivalent de 280 terrains de football, on peut visiter, outre le manoir, des écuries, des parcs et des jardins, une distillerie de whisky, une forge et d’autres ateliers, mais aussi des habitations d’esclaves. Le prestigieux domaine du président était aussi une plantation florissante. Propriété privée depuis 1858, il n’est pas géré par le National Park Service comme le sont d’ordinaire les monuments culturels d’importance nationale aux États-Unis. La propriétaire, qui emploie près de 400 personnes, est la Mount Vernon Ladies’ Association, la plus ancienne organisation privée de conservation du patrimoine aux États-Unis.

Le cœur du musée est le manoir de Washington, Mount Vernon Mansion, qui compte trois étages et 21 chambres de style colonial. En 1754, l’ambitieux arpenteur Washington loue le domaine, avant de l’acheter sept ans plus tard. Devenu président des États-Unis, il l’agrandit pour en faire une prestigieuse propriété. Washington se considérait avant tout comme un fermier. «Il était convaincu que l’agriculture américaine pouvait être la meilleure du monde; il a donc testé de nouvelles méthodes agricoles», explique Julie Almacey, responsable des médias et de la communication de l’écomusée historique. Autodidacte, Washington n’est jamais allé à l’université; il se faisait envoyer des livres d’Angleterre et s’informait sur des rotations de cultures encore inconnues dans les colonies.

Les pièces du manoir peuvent être visitées en petits groupes guidés. Les objets auratiques et les artefacts de la vie de Washington y sont nombreux: des meubles originaux sur lesquels reposent des lettres et des notes personnelles, pour répondre à un souci d’authenticité; des objets d’art, des services en porcelaine, mais aussi des livres ouverts et des instruments géodésiques. Tout ressemble au reliquaire d’un saint, en apparence intact depuis la mort de Washington, dans une tentative de recréer l’univers du grand homme avec des objets du quotidien.

La clé de la Bastille et un dentier

Dans un couloir est exposé un célèbre présent, remis en 1789 à son ami par le marquis de La Fayette, révolutionnaire français et combattant de la guerre d’indépendance américaine: la clé de la Bastille, symbole d’oppression honni par la Révolution française. Quant au dentier de George Washington, il connaît auprès du public un succès jamais démenti à ce jour. Le glorieux général de la guerre d’indépendance et co-auteur de la Constitution n’avait pas de bonnes dents. On dit qu’en 1789, lors de sa prestation de serment en tant que premier président des États-Unis, il ne lui en restait plus qu’une seule. Au total, Washington aurait passé commande de six prothèses dentaires. La matière première utilisée était l’ivoire, les dents de cheval et de vache, mais aussi les dents humaines.

Washington aspirait à l’indépendance vis-à-vis de l’Angleterre et voulait l’édification d’une nouvelle société démocratique. Il défendit les colonies américaines contre la Grande-Bretagne, démissionna volontairement après deux mandats et joua un rôle important dans la création et la ratification de la Constitution des États-Unis. Mais en même temps, il posséda plus de 300 esclaves, les exploita, les loua et les vendit. «Washington, dit la guide Brenda Parker que j’accompagne dans la visite, se considérait comme un bon maître d’esclaves, mais ses idéaux moraux passaient au second plan.» Ce trait de caractère de Washington se manifeste à différents endroits de Mount Vernon, et des guides comme l’Afro-Américaine Brenda Parker ne manquent pas de souligner cette ambivalence.

Brenda Parker entonne le célèbre spiritual «Go Down Moses», jadis chanté par des esclaves. Vêtue d’une coiffe et d’un tablier d’esclave domestique, elle mène une visite guidée sur le quotidien et la vie des personnes réduites en esclavage à Mount Vernon. Elle est en train de conduire une classe à la Upper Garden Greenhouse. Construite en briques et en verre, cette serre possède de grandes fenêtres lumineuses ainsi qu’un système de chauffage. Washington avait vu ce type de serre à Baltimore et s’en était fait envoyer les plans. Ici, l’architecture révèle elle aussi la double morale du personnage: la serre moderne, où l’on utilisait une technologie avancée et où l’on cultivait des plantes exotiques, jouxte les misérables habitations d’esclaves, mal isolées contre les intempéries. Beaucoup d’élèves sont étonné-e-s de découvrir les conditions indignes dans lesquelles les esclaves étaient logés ici et de voir que les enfants d’esclaves devaient dormir sur le sol, à un mur seulement des plantes tropicales.

Moins de culte de la personnalité et une approche historique plus critique

Pour faire fonctionner le domaine, les femmes, les hommes et les enfants afro-américains devaient travailler dur jusqu’à 14 heures par jour dans les champs. Il leur fallait aussi rassembler le bétail, faire la cuisine et le ménage pour les maîtres de maison. S’ils s’y opposaient, ils encouraient des châtiments corporels. Esclavagiste, le père fondateur des États-Unis? Une évidence à laquelle la nation et les conservateurs de Mount Vernon ont mis du temps à se rendre. L’esclavage était une institution, un système d’exploitation et d’inégalité dans lequel on possédait des humains comme on possède des biens, en les opprimant par la violence physique et morale; un système que des gens comme George Washington justifiaient, même s’ils savaient que l’esclavage était moralement inacceptable. 

Après la mort de Washington, la question de l’esclavage et du travail forcé à Mount Vernon a été passée sous silence pendant des décennies pour les visiteurs. On n’a commencé à l’aborder qu’en 1983 avec la restauration de l’ancien cimetière d’esclaves en ruine. Depuis lors, la Mount Vernon Ladies’ Association s’efforce de mettre aussi l’accent sur les aspects sombres de la biographie de Washington. Dans les années 1980, cette démarche a donné lieu à des recherches systématiques et à des approches participatives qui intégraient de plus en plus la perspective des personnes de couleur. Au fil des années, elles ont mis au jour les traces des conditions de vie des esclaves grâce à des fouilles archéologiques. Au début, on s’est concentré sur le nombre de personnes réduites en esclavage, sur leurs tâches quotidiennes et leurs conditions de vie. À partir des années 1990, on s’est davantage attaché à intégrer ces connaissances dans les visites guidées et les expositions. Les descendant-e-s des personnes réduites en esclavage ont joué un rôle déterminant. Des historien-ne-s et des activistes afro-américain-e-s ont été associé-e-s à la conception des expositions et des programmes pédagogiques. Aujourd’hui, l’esclavagisme de Washington fait l’objet d’un examen critique, et des efforts sont faits à Mount Vernon pour mieux documenter la vie des esclaves et leur donner une visibilité dans des brochures, des expositions ainsi que des visites guidées.

En 1999, la première exposition sur l’esclavagea été inaugurée à l’Education Center. Elle a marqué un tournant dans la manière dont Mount Vernon présentait l’histoire de l’esclavage. Depuis lors, le public a la possibilité d’en apprendre davantage sur les histoires personnelles et les destins individuels des esclaves, ainsi que de suivre leurs parcours de vie. Ce qui passe notamment par des visites guidées spéciales, des objets originaux et des acteurs et actrices en costume d’époque comme Brenda Parker. «Être acheté ou vendu en même temps qu’un cheval est un sort cruel», explique-t-elle aux élèves, et elle a les larmes aux yeux lorsqu’elle parle du chef d’écurie afro-américain Peter Hardiman. «Nous avons trouvé énormément d’informations dans les livres de comptes», précise-t-elle. George Washington avait consigné en détail chaque récolte, chaque rotation de cultures, les recettes et les dépenses ainsi que les rations alimentaires des personnes réduites en esclavage. Aujourd’hui, ces documents sont une véritable mine pour les historiens et les historiennes. Parker et ses collègues ont ainsi appris que Hardiman était marié à la domestique Caroline Branham et qu’il avait des enfants. Mais le mariage entre esclaves n’était pas reconnu à l’époque. «Un bien ne peut épouser un bien, il reste simplement ici ou là, ou se transmet par héritage», constate Parker. Telle était la loi, et d’innombrables mariages ont été brisés.

Parker considère que son rôle est de donner une voix à tous ceux qui apparaissent comme des témoins muets dans les tableaux et les archives historiques. «Certaines familles ont été esclaves à Mount Vernon pendant des décennies et des générations sans que la science historique ait trouvé de témoignage direct de leur part.» Elle demande à la classe: «Que faisaient ces familles qui vivaient ici, malgré l’horreur et l’oppression de l’esclavage?», et donne elle-même la réponse: «Elles s’efforçaient de mener une vie quasi normale entre injustice et arbitraire. À l’époque, les esclaves n’étaient pas considérés comme humains; ils étaient enregistrés comme biens d’inventaire, déplacés comme des meubles.»

Une dernière demeure à double titre

Le site abrite également la dernière demeure de Washington et de son épouse Martha. Un mausolée décoré abrite, derrière une grille, deux cercueils en marbre. À deux pas de là, dans un bois, se trouve le cimetière des esclaves. Jusqu’en 1860, plusieurs centaines d’Afro-Américain-e-s y ont été enterré-e-s dans l’anonymat. 

Les lieux historiques comme Mount Vernon sont visités par des personnes qui ne savent rien, ou pas grand-chose, de ce sujet. Parker parle d’expérience. «Le domaine est un lieu pour les Blancs et pour les visiteurs étrangers.» Pour eux, Washington est la personnalité figurant sur le billet de un dollar ou le monument érigé dans la capitale. «Mount Vernon n’est qu’un lieu sur leur liste de sites incontournables.» Au domaine, le fermier, soldat, homme d’État et époux que fut George Washington occupe donc toujours le devant de la scène. L’esclavagiste est mentionné, mais la brutalité de l’esclavage reste singulièrement invisible. La communauté afro-américaine réclame davantage de travail de mémoire, estimant que sa contribution à la construction et à la réussite des États-Unis n’est pas reconnue à sa juste valeur. Au lieu de cela, elle fait quotidiennement l’expérience de la discrimination, de la violence policière et du racisme, selon Parker.

La visite est terminée, c’est l’après-midi. La concomitance de l’héroïsme lumineux et de l’esclavagisme sordide, de la quête de liberté et de la brutalité du travail forcé est nettement perceptible au domaine de Mount Vernon, aux portes de la capitale des États-Unis. Mais sur plus d’un million de visiteurs annuels, seule une personne sur dix environ choisit de suivre le «Slave Life Tour». «Washington est vénéré comme un dieu, dit Brenda Parker, mais au fil des décennies, le héros populaire s’est figé en statue de marbre. Nous travaillons à le faire tomber de son piédestal.»

Auteur: Michael Marek

Chronique 2024

En 2024, le paysage muséal suisse a encore connu de nombreux anniversaires. Passons-les en revue, du plus jeune au moins jeune: le MEG Genève fête la première décennie de son nouveau bâtiment. Toujours à Genève, le Musée Militaire Genevois souffle ses 40 bougies, et la Fondation de l’Hermitage célèbre le même anniversaire à Lausanne. Troisième membre du club des 40 ans: le Museum Münsingen. Retour à Genève, cette fois pour un jubilé, celui du Centre d’Art Contemporain Genève. Pour son 70e anniversaire, le DIORAMA d’Einsiedeln s’offre une nouvelle orientation stratégique, l’établissement devenant aussi un lieu de rencontres. Cette année, deux institutions célèbrent leurs 75 ans d’existence: le Musée d’art de Pully et le Museo Moesano de San Vittore, dans les Grisons. Enfin, à Fribourg, pas moins de deux musées fêtent leur bicentenaire: le Musée d’art et d’histoire et le Musée d’histoire naturelle. Nos meilleurs vœux à tous! 

Le Sensorium Rüttihubelbad célèbre un anniversaire en annonçant un changement de personnel: en 2024, il a fêté ses 20 ans d’existence avec, entre autres, l’exposition spéciale interactive «Leben ist Schwingung» (Tout dans la vie est vibration), dont Alice Baumann a coassuré le commissariat. Alice Baumann – et non Hans-Ueli Eggimann comme indiqué dans ces pages l’an passé – dirige le Sensorium depuis août 2023. Cela nous amène aux mouvements de personnel, et cette fois encore, ils ont été nombreux. Entrons donc tout de suite dans le vif du sujet! Début 2024, Angelo Romano a succédé à Andrea Matter au poste de directeur du Schulmuseum Bern, et Alyce Martinoni a remplacé Larissa Foletta au poste de conservatrice du Museo di Valmaggia. Le Musée de la communication a commencé la nouvelle année avec Melanie Mettler comme nouvelle présidente de la fondation, et la Kunsthalle Luzern avec Marius Geschinske comme nouveau directeur, fonction dans laquelle il a succédé à Michael Sutter. Christian Sidler est directeur du Museum Bruder Klaus depuis le début de l’année. Il a succédé à Carmen Kiser. Esabeau Soguel est conservatrice du Musée de La Sagne depuis 2024. Elle a succédé à Laurent Huguenin. Toujours en début d’année, Magali Junet a pris la succession de Giselle Eberhard, partie à la retraite, à la direction de la Fondation Toms Pauli. Après avoir d’abord assuré la direction intérimaire du mudac, Marco Costantini en est devenu le directeur début 2024. Depuis l’année dernière déjà, Amelie Rose Schüle dirige le Photoforum Pasquart et Martina Huggel le Museum des Landes Glarus. En fin d’année dernière, Lisa Schlittler et Rebecca Hauser sont devenues respectivement directrice thématique et directrice opérationnelle du Historisches Museum Baden, fonctions dans lesquelles elles ont succédé à Carol Nater Cartier.

En février 2024, Pia Lädrach a quitté la direction du Kindermuseum Creaviva au Zentrum Paul Klee. Katja Lang et Beat Glarner en assurent la codirection depuis août. Au MahN, Laurent Langer est le nouveau codirecteur depuis février 2024. Il a remplacé Antonia Nessi, qui dirige le Museo Vincenzo Vela depuis novembre 2023. Au printemps, iLiana Fokianaki a succédé à Kabelo Malatsie à la tête de la Kunsthalle Bern. Depuis mars, Mohamed Almusibli est directeur et conservateur en chef de la Kunsthalle Basel. Il a succédé à Elena Filipovic, qui a elle-même repris la direction du Kunstmuseum Basel après le départ en retraite de Josef Helfenstein. Benedikt Zäch a lui aussi pris sa retraite de directeur du Münzkabinett, son successeur, Gunnar Dumke, a pris ses fonctions en avril. Au même moment, Marie Elmer est devenue directrice de l’association MUSA Museen St. Gallen, succédant ainsi à Celin Fässler. Fin avril, Kilian T. Elsasser a abandonné la présidence de VINTES, désormais occupée par Regula Wyss. Toujours fin avril, Nicole Eller Risi a quitté le Tal Museum Engelberg, dont la nouvelle directrice est Florence Anliker. Au Kunsthaus Zürich, la succession de Christoph Stuehn a été répartie entre deux personnes portant le même prénom: Alex Hefter est le nouveau responsable Ventes & Services, et le rôle de vice-directeur a été repris par Alex Schneider. Gabriele Keck a pris sa retraite de directrice du Historisches Museum Thurgau, sa successeure Noemi Bearth est entrée en fonction début mai, après avoir cédé à Florence Anliker le poste de directrice de la Ritterhaus Bubikon qu’elle occupait jusqu’alors. Parallèlement, Andrea Kauer Loens a été nommée directrice du Liechtensteinisches LandesMuseum, et son successeur au Rätisches Museum est Guadench Dazzi. En mai, un changement a également eu lieu au Museum Zofingen, à la direction duquel Heidi Pechlaner Gut a succédé à Katharina Müller. 

Sandra Bucheli a remplacé Cornelia Renggli à la tête du Regionalmuseum der Luzerner Rigi-Gemeinden en juin 2024. Le directeur de la Fotostiftung Schweiz, Peter Pfrunder, a également pris sa retraite en juin, son successeur est Lars Willumeit. Le même mois, Markus Leuthard a pris sa retraite de directeur du Centre des collections du Musée national suisse, et c’est Roman Aebersold qui a repris le flambeau. Toujours en juin, Irène Fiechter a pris ses fonctions de conservatrice et de directrice opérationnelle du Museum Thalwil et Walter Pfister a succédé à Bea Althaus à la présidence de la Heimatschutzgesellschaft (société pour la sauvegarde du patrimoine) au Schloss-Museum Grüningen. À la direction du Museum zu Allerheiligen, Gesa Schneider a pris la suite en juillet de Katharina Epprecht, cette dernière étant désormais membre du Conseil de fondation du Textilmuseum St. Gallen. Le Ortsmuseum Allschwil est dirigé depuis juillet par Nadja R. Buser. À la Maison d’Ailleurs, Marc Atallah a été remplacé en septembre par le conservateur Frédéric Jaccaud, qui assume désormais une double fonction puisqu’il est aussi directeur. Simultanément, la nouvelle directrice du Stadtmuseum Brugg, Pascale Marder, a pris la succession de Rebecca Niederhauser. En octobre 2024, Aurélie Carré a repris la direction du MEN des mains de Marc-Olivier Gonseth, directeur par intérim. Au même moment, Ilona Genoni Dall a succédé à Roger Fehr, fraîchement retraité, comme Responsable du département Services centraux et membre de la direction de l’Institut suisse pour l’étude de l’art (SIK-ISEA), et Jolanda Schärli a commencé son travail de coordinatrice des Museen im Appenzellerland (musées du pays d’Appenzell), où elle a succédé à Isabelle Chappuis. À la fin du mois d’octobre, Almut Grüner a quitté le Museum Luzern, dont la direction par intérim est assurée par le directeur adjoint Benedict Hotz. Peter Flückiger, directeur du Naturmuseum Olten depuis de nombreuses années et également directeur de la Haus der Museen depuis 2019, prend sa retraite fin octobre, son successeur est Samuel Furrer. 

Dans ce dernier chapitre, il est question de construction, de modification, d’ouverture ou de tout cela à la fois: depuis décembre 2023, la collection de l’ancien musée Gutenberg de Fribourg fait partie d’Enter Technikwelt Soleure, à Derendingen. Le dernier jour de l’année 2023, le musée zoologique de l’université de Zurich a été rebaptisé. Il s’appelle désormais Naturhistorisches Museum der Universität Zürich NMZ. Depuis le mois de mai, le Musée Alpin Suisse ne s’appelle plus qu’ALPS, mais l’ancienne dénomination est conservée en complément. En juin, le Musée de la mécanique d’art et du patrimoine de Sainte-Croix – en abrégé MuMAPS – a ouvert ses portes après dix ans de travaux: il regroupe les trois anciens musées que sont le Centre international de la mécanique d’art (CIMA), le Musée des arts et des sciences (MAS) et le Musée Baud. Un nouveau nom et un nouveau design pour marquer le changement: le Historisches Museum Obwalden devient le Museum Obwalden – ces modifications s’inscrivent dans le vaste projet de transformation intitulé «Obwalden macht Museum».